Pourquoi il faut regarder l’épisode « Contraception » de la série « Le sexe en Bref » sur Netflix

Netflix a lancé ce mois-ci, une mini-série en 5 épisodes, “Le Sexe en Bref”. 

Il faut entendre par là, la sexualité au sens large : de la reproduction aux phénomènes culturels puisque les thématiques vont de l’attirance, la fécondité, la contraception jusqu’à l’accouchement. Seul le premier épisode, sur les fantasmes, évoquent les pratiques sexuelles.

A mon goût, d’autres facettes du prisme auraient pu faire l’objet d’un épisode, comme les appareils reproducteurs et leur fonctionnement. 

Fidèle au format des précédentes mini-série, “En bref” ou “Le cerveau en Bref”, la pédagogie est au rendez-vous avec un bon rythme des images et des infographies qui se suffisent à elle-même. 

L’épisode qui a le plus retenu notre attention est bien sûr celui sur la contraception. 

Les points forts de cet épisode : 

La contraception masculine y est abordée même si certaines avancées comme le slip chauffant ou les injections d’hormones ont été oubliées. On y apprend aussi que la pilule masculine existe depuis les années 70 et qu’elle n’a jamais été commercialisée à cause de ses effets secondaires (les mêmes qu’on retrouve dans la pilule féminine, soit dit en passant …).

La parole est donnée aux hommes sur leur implication dans la prise en charge de la contraception et c’est très positif ! On peut y entrevoir aussi la méfiance de certaines femmes à la partager. “Ce qui se passe dans mon corps me regarde”, “Je ne peux pas prendre le risque d’une erreur”. 

Un long focus sur l’histoire de la contraception. 

On pense souvent à tort que la contraception est un sujet de notre époque, que le contrôle des naissances appartient à nos sociétés contemporaines. Hors, c’est faux, depuis la nuit des temps, les femmes ont cherchés à contrôler leur fertilité. Par des moyens naturels ou en observant les changements de leur corps, des moyens que l’on a tristement oublié aujourd’hui…

Une grande partie est dédiée à la contraception hormonale : son histoire d’abord et surtout ses effets secondaires. D’ailleurs, à ce sujet, pour aller plus loin, je vous invite à livre l’enquête de Sabrina Debusquat, J’arrête la pilule

Effectivement, elle a permis à de nombreuses femmes d’accéder à un statut social différent : moins d’enfant, plus d’indépendance pour pouvoir se réaliser, accéder à un statut social plus reconnu et valorisant. Un exemple assez parlant avec une expérience menée au Bangladesh, les femmes ayant eu un accès à la contraception ont un niveau de vie plus élevé. Mais tout ça à quel prix ? 

Infographie sur l'expérience menée au Bangladesh rural : accès à plus d'éducation, plus de revenu, plus de soin et à l'eau potable pour les femmes.
Infographie sur l’expérience menée au Bangladesh rural : accès à plus d’éducation, plus de revenu, plus de soin et à l’eau potable pour les femmes.

Prendre des hormones de synthèse, à des taux qui sont 10 fois plus élevés que ce que notre corps produit ne peut pas être sans conséquences. La liste des effets secondaires est longue : maux de tête, nausées, perte de libido, dépression, rétention d’eau, pilosité accrue, prise de poids … Elle influence les émotions, modifie les humeurs, en d’autres termes, elle change notre personnalité !

Mais ça, ce ne sont que les effets secondaires “sans dangers” comme diraient certains spécialistes. C’est un peu comme jouer au jeu de “c’est quoi le pire”, ne pas tomber enceinte quand on ne le désire pas ou être l’ombre de vous-même, c’est quoi le pire ? 

Mais le pire, ce sont ses effets secondaires, certes moins fréquents, mais qui ont mis en danger voire coûté la vie de certaines femmes. Les oestrogènes de synthèse augmente le risque d’AVC, de phlébites, de thromboses, de cancer du sein, … On rejoue au jeu ? 

On voit souvent la pilule comme une avancée féministe. En France, c’est très ancré dans les mentalités : pilule = féminisme. Ce qu’on ne sait pas, c’est qu’elle a été financée par des eugénistes américains qui s’inquiétaient du taux de natalité croissant des populations les plus pauvres.

L’avènement de la pilule correspond donc plus à une campagne de contrôle des naissances, de stérilisation périodique qu’à un moyen pour les femmes d’accéder à plus de liberté. 

Pour la commercialisation de la pilule, des tests ont été menés sur des femmes portoricaines qui n’étaient pas informées des risques qu’elles encouraient. Certaines femmes ont eu des effets graves et irréversibles allant jusqu’à la mort. Et pourtant, la pilule a été commercialisée. 

Ce qui est fou c’est que dans les années 70, il y ait eu un grand mouvement de contestation des effets secondaires de la pilule et qu’aujourd’hui nombreuses soient encore commercialisées ! Et surtout que 50 ans plus tard, les effets secondaires persistent et qu’elle soit encore autant prescrite dans le monde.

Ce qui est louable, c’est le vrai message fort de cet épisode : “choisis ta contraception”. Et surtout “Choisis en connaissance de cause” car aucune contraception n’est fiable à 100 %, aucune n’a 0 contraintes. L’important est d’avoir toutes les informations pour faire un choix éclairé sur sa contraception. 

Quelques (gros) bémols cependant : 

Il est évoqué le scandale du Dalkon Shield, sorte de stérilet sans hormone qui a couté l’utérus de nombreuses femmes. Il aurait été tout aussi judicieux de faire mention du dispositif Essure et de ses gros dégâts alors qu’il vient à peine d’être retiré du marché en France comme aux Etats-Unis. 

On aurait aimé une partie sur la fiabilité des méthodes plus étoffée avec des chiffres sourcés plus précis. C’est très flou et cela ne nous informe pas clairement sur les taux d’échec. Je vous invite à ce sujet à vous renseigner sur les indices de Pearl qui récapitule l’indice de fiabilité de chaque méthode en théorie et en pratique. 

Les contraceptions mécaniques sont très peu abordées, et il n’est fait nul mention des contraceptions naturelles et de leur histoire, tout aussi passionnante que celle de la contraception hormonale ! 

A aucun moment il n’est fait référence à la symptothermie alors que pour rappel, son indice de fiabilité est aussi élevé que la pilule et plus élevé que le préservatif ou le stérilet en cuivre. 

Le col de l'utérus redescend et se referme, la glaire cervicale forme un bouchon qui empêche le passage aux spermatozoïdes.
Le col de l’utérus redescend et se referme, la glaire cervicale forme un bouchon qui empêche le passage aux spermatozoïdes.
En phase progestative, aucune ovulation n'est possible.
En phase progestative, aucune ovulation n’est possible.

Et en plus, tout y était dès le début dans l’explication du cycle féminin ! On y comprend bien qu’une femme a dans un cycle une période fertile et une phase totalement infertile. Pour rappel, lors de la deuxième moitié du cycle, dominé par la progestérone après l’ovulation : l’accès au col de l’utérus est affranchissante par les spermatozoïdes et qu’aucune deuxième phase d’ovulation n’est possible.